eros_I_2008.jpgPour sa deuxième exposition personnelle à la galerie, Javier Pérez poursuit, à travers de nouvelles œuvres, dessins, sculptures et photographies, son approche organique de la matière qui évolue et son appréhension cyclique du temps qui passe. Il oppose et confond à la fois le corps humain, en mutation inévitable et mortelle, et l’identité humaine qui elle, semble être en évolution perpétuelle.

L’image du corps est parfois très ambiguë ou perturbante chez Javier Pérez, au sens où elle provoque une réaction d’attraction ou de répulsion, mais elle est finalement toujours esthétique, sensible, et émotionnelle. Les trois photographies Eros imposent une réalité pour les uns sensuelle, pour les autres érotique ou violente, confrontant l’imaginaire corporel à l’expérience physique du sang. C’est le flux sanguin qui crée le volume du corps sur la peau d’animal, car le parchemin, support des dessins Penitentes, donne à l’aquarelle une texture particulière.

Mais la conscience de l’identité rend les limites du corps moins évidentes, l’évolution plus complexe. Dans la série des vingt aquarelles Raices (Racines), nous retrouvons le corps, mais aussi certainement l’âme humaine, qui cherchent tout deux à s’enraciner quelque part, réellement ou symboliquement, consciemment ou inconsciemment.

Même si la mort est omniprésente avec Memento mori et Aria da capo, elle n’apparaît pas comme une finalité insupportable, mais plutôt comme une étape de la mutation du corps. Le poids de la mort et du temps avec les 59 crânes du rosaire qui s’étale sur le sol en circuit fermé induit indéniablement une prise de conscience de la mortalité, mais cette réalité acceptée peut-être dépassée : la légèreté des deux squelettes dansant sur la variation Goldberg de Bach ouvre vers un nouveau cycle, Trans (formaciones) permet le passage d’une réalité organique à une autre.