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Vernissage 11 janvier 2014, 15h30 - 20h30

Dans un espace radicalement modifié, Stéphane Vigny présente, pour sa deuxième exposition personnelle à la Galerie Claudine Papillon, un ensemble monochrome de pièces d’une grande densité formelle et référentielle.  Amusante – ou inquiétante - particularité de ce dispositif, ici la couleur est au fond, dans et sur les fonds, et le blanc domine dans les volumes et aplats exposés. Comme d’habitude, l’usage que Stéphane Vigny fait du contrepied veut que ce blanc (emprunté à la statuaire ou volé à Malevitch) soit d’une noblesse controversée. En effet le béton cellulaire, pour qui n’est pas « dans le bâtiment », est soit un mystère, soit une matière commode pour les pratiques d’apprentissage ; en aucun cas un parangon du raffinement.
On peut dire de Stéphane Vigny qu’il est un véritable portrait de l’artiste en jeune homme1. Quand on voit le traitement qu’il réserve au lieu qui contient son travail, on ne peut que le considérer comme un puriste. La Galerie Claudine Papillon n’a pas pour caractéristique principale de ressembler à un white cube, mais elle s’y efforce autant que faire se peut. Pour résister à cette concession à la vieille doxa esthétique, Stéphane Vigny en a lambrissé le pourtour, aménageant au blanc des œuvres un écrin domestique des plus dérangeants.  Ce geste implacable (quoique plaqué) dénote un partage indécidable entre le grave et le comique, et nous laisse dans l’expectative.
Il est assez mystérieux, à notre époque de laïcité en voie de disparition, d’être en contemplation devant l’infini incolore d’un grand retable fait de cette matière prosaïque - d’autant moins sacral qu’il est partiellement enchâssé par le bas dans le lambris unificateur des cimaises. À la vue d’un Brancusi contrefait à la perfection, on peut être pris d’une crise de fanatisme post-moderne… mais parce que ce doppelgänger d’une œuvre culte côtoie ici des objets rigoureusement fonctionnels (une lampe, un portemanteau, un niveau à bulle), la question du rapport entre forme et valeur redescend de son piédestal infini pour nous revenir avec insistance.
Encore une fois, tout ce qui « ressort » par contraste sur le bois du pourtour, est blanc. Les connotations virginales de cette absence de couleur (condensé du spectre chromatique) ne doivent pas être négligées. La conception d’un travail qui se renouvelle et affirme sa cohérence est, de fait, perpétuellement immaculée.
De ce moment de son travail qui exige l’ascèse par un matériau unique, Stéphane Vigny fait une proposition indispensable, un monde où tout serait béton cellulaire, une idée présocratique de la matière de tout. Ce n’est pas rigoureusement exact, d’ailleurs, car cette immersion radicale est précédée d’une introduction trompeuse. Fait de la matière même de la frisette murale qui va tapisser notre visite, un grand cube, dé géant sans chiffre ou ornement absurde, repose sur sa pointe à l’entrée de l’exposition. Il est figé précisément dans la position de la toupie divinatoire appelée toton, dont Marcelin Pleynet dit que Chardin, le peignant, « représente la mobilité en l’immobilisant » 2. Ses faces identiques ne parlent pas. L’énigme est posée dès l’entrée, pour qu’ensuite on s’y lance.
Comme il faut franchir un portail en roues de faneuse pour se pénétrer du climat étrange de la suite, on peut parler d’un travail du seuil. Stéphane Vigny, en entrant par le blanc dans une nouvelle phase, sort du bois. 

1) Dedalus, A portrait of the artist as a young man, est un roman réécrit par James Joyce en 1916 d’après un précédent original malencontreusement détruit. Stéphane Vigny, qui reproduit avec minutie des pièces par lui-même déjà réalisées, copiées, trouvées, introduites dans l’institution, crée d’une manière analogue la logique de son propre dédale.
2) Marcelin Pleynet, Chardin, L’Épure, 1999

Éléonore Marie Espargilière


Stéphane VIGNY - Né en 1977 au Mans, vit et travaille à Paris.
Stéphanernestoneto……robertcapaolapivigny est sa deuxième exposition personnelle à la galerie Claudine Papillon. En 2013 "La capsule radieuse - Piacé le radieux" lui a consacré une exposition personnelle. Château de tôle, une oeuvre monumentale, a été récemment installée au Jardin des Plantes pour FIAC HORS LES MURS 2013. En mai 2014 il exposera au "180" à Rouen dans le cadre d’une carte blanche aux "Bains-Douches" d’Alençon.