Carton_02.jpgJean-Claude Ruggirello est sculpteur. Il recherche le geste sculptural qui agit contre nature sur un objet, une matière ou une idée.

Un arbre arraché devient une ligne d’horizon lorsqu’il est couché ou suspendu par le nœud d’une corde décentrée qui pose un nouvel équilibre. Les couchers de soleil deviennent matière. Ils défilent à l’horizontal le long d’une même ligne, ne permettant plus au soleil de descendre. L’acier et l’entrelacement des fils figent les mouvements et les aboiements des chiens enfermés ; transpercés, meurtris. Le dessin est devenu sculpture.

Avec la vidéo, la sculpture renoue avec le mouvement. Un long et lent mouvement anime les objets dans un geste sculptural qui oscille dans un équilibre précaire à la faveur d’un simple et fragile nœud.

Il y a chez Jean Claude Ruggirello une « culture » de l’accident ; celui qui surgit dans le renversement des images convenues, dans leur improbable et paradoxale juxtaposition, dans leur inévitable collision. Le capot enflammé d’une voiture « tunée » peut-il trouver un écho dans le rougeoiement automnal d’un érable ? Quels horizons nous promet un tronc prisonnier d’une cellule raide comme l’acier ? De quelles proies les chiens sont-ils les otages ?

Tout ici est basculement et renversement. No limit ! Jean Claude Ruggirello joue au plus près du basculement des choses, des images, du sens. Il repousse loin toutes les limites du territoire parfois attendu de l’art ; limites du dessin, limites de la sculpture, limites des images.