nu_randonnant_n_1_detail_3.jpgL’étrangeté des sculptures d’Elsa Sahal nous attire. Si l’on devine qu’elles évoquent une expérience ou un sentiment très personnels, elles provoquent inévitablement notre imaginaire, parfois inavoué, parfois inavouable. Elles nous invitent à décrypter des univers surprenants, une sorte de langage structuré par des formes hybrides, des agencements chaotiques ou encore des couleurs sophistiquées et fantaisistes à la fois.

Un Monument déprimé et un Monument dépressif nous accueillent, corps informes envahis par des formes géométriques, l’un s’asphyxie, l’autre s’est engouffré. Cette lutte du modelage qui contraint les formes, contraste avec la respiration qui s’installe et se propage progressivement quand on découvre l’installation centrale : Snakes and ladders. Une activité sous jacente grouille dans l’environnement doux qui l’enveloppe. Les matières semblent muter doucement, on savoure le sein-fruit qui risque le débordement ou l’engorgement. On peut se fondre dans l’horizon du paysage ou finalement atteindre de possibles sommets.

Dans le Paysage à l’enfant, les corps de la mère et de son enfant se prolongent dans le paysage. La fusion construite, à multiples symétries croisées, définit le territoire commun à défendre, à protéger. L’autoportrait en forme de grotte nous sourit, derrière son air railleur, il cache consciencieusement stalagmites et stalactites brillantes et fragiles pour ne les dévoiler qu’à ceux qui oseront s’en approcher.

Elsa Sahal nous donne aussi sa vision des conventions de la sculpture : Sa variation sur le Nu randonnant traite du thème traditionnel de l’homme qui marche. Elle propose une vision de l’homme ou de la virilité qui se cherche. En randonnant ? Et avec l’apport des émaux de grand feu de Sèvres, ce nu en érection se promène dans un paysage qui, à l’image de son corps, de sa peau précieuse, nous suggère une végétation luxuriante et un environnement de lacs et de cascades.

Elsa Sahal - née en 1975, diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris est professeur à l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg depuis 2005.

En 2008, elle a eu une exposition personnelle à la Fondation d’entreprise Ricard et a obtenu le prix MAIF pour la sculpture. Elle participe actuellement à l’exposition « Des certitudes, sans doute » au Musée des Beaux-Arts d’Amiens et à « La conquête de la modernité - Sèvres 1920/2008 » à Rome, au Palazzo Cafarelli.

En 2009, elle occupera la Randall Chair à Alfred University, New York State.