Frédérique Loutz
Idiomesdu 8 septembre au 27 octobre 2012
printSi une certaine réputation précède Frédérique Loutz dans cette quatrième exposition personnelle à la galerie Claudine Papillon, à voir le chatoiement de teintes et de profondeurs dans les grandes toiles présentées ici, on reconnaît les descriptions qui en ont été données jusqu’ici. En effet, prolifération, étrangeté, vigueur et cohérence caractérisent encore cette interminable exploration du dessin, qui cependant s’accélère, accentuant sa capacité à surprendre, et s’associe depuis peu aux textures de la peinture sur toile et à l’énergie de la performance.
Frédérique Loutz est très secrète, et son travail ne la dément qu’en apparence. Pour préciser ce qui se joue dans ce grand ensemble si mystérieusement volubile, voici deux ou trois choses que l’on sait d’elle.
Elle a commencé il y a longtemps, elle est loin d’avoir terminé. Elle n’aime pas plus les objets que les sujets. Elle ne règne sur rien. La population de figures qui l’accompagne et qu’elle anime est son égale. Elle hybride et brusque les formes, non pour les compliquer, mais pour retrouver l’innocence qui doit dicter le dessin. Elle mélange les techniques non pour les associer ou les confondre, mais pour que le contraste les distingue. Elle tente en permanence de renouveler ce qu’elle trace, et y parvient justement sans y parvenir. Les motifs qui se répètent au fil des dessins et parfois, des années, sont toujours et jamais les mêmes. Frédérique Loutz est cette identité de ce qui s’apparente, se retourne et ne se ressemble déjà plus. Elle voyage en permanence et nous envoie des cartes postales du front. Elle parle plusieurs langues et nous les fait lire ensemble, nous apprenant son langage propre. Elle ne raconte pas d’histoires, n’est jamais que dans le concret. Elle ne joue pas avec nous. Elle veut bien qu’on la comprenne, tant qu’on n’exige pas qu’elle s’explique. Elle fournit pourtant toutes les clés.
"Je me nourris de mythologies et de contes, car il n’y a pas de psychologie, seulement des actes. Dans mon travail, je crois, il n’ y a ni tragique, ni humour, ni drame, ni absurde mais une inversion des mondes sans espoirs, ni salvation. Je mélange les répertoires pour en préciser les adresses. Les jeux de sens, de son deviennent une gymnastique de l’esprit qui muscle une gestuelle physique." Frédérique Loutz, Entretienne (conversations), 2012