Mehdi-Georges Lahlou
À l'ombre des palmiersdu 16 novembre au 18 janvier 2025
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© Le Parvis / Valérie Servant
Mehdi-Georges Lahlou
À l’ombre des palmiers
16 novembre 2024 - 18 janvier 2025
Vernissage samedi 16 novembre 15h - 20h
Mehdi-Georges Lahlou initie des relations entre humains et non humains au sein d’un nouveau récit ethnoécologique. Observateur avant-gardiste des mutations contemporaines, il aborde les questions d’identité, d’histoire, de migrations, de religion et de domination culturelle en intégrant le vivant au cœur de la narration, au lieu de le considérer comme une entité séparée.
Alors que les archives de l’intime — souvenirs, lettres, cicatrices, photographies — témoignent des transformations de l’histoire, la nature est également dépositaire de la mémoire collective. Dans son travail, les non-humains deviennent témoins des migrations, des oppressions et de l’uniformisation des cultures.
Ses photographies, sculptures, performances, tapisseries et installations investissent les angles morts de la mémoire et de l’histoire, tissant des liens entre les enjeux sociaux et environnementaux. En reliant animaux, plantes, rituels, archives et symboles, Mehdi-Georges Lahlou défie les classifications, révélant par des chimères la nature hybride et fluide des identités. Dégageant l’arôme des expériences transpersonnelles, il célèbre la rencontre de l’invisible et de la diversité sous toutes ses formes, biologique, sociale et spirituelle.
Le palmier, central dans le travail de l’artiste, engage une réflexion contemporaine sur les migrations et la géopolitique mondiales. Exploité en monoculture depuis des siècles et aujourd’hui accusé de remplacer les forêts primaires, ses fruits (drupe, datte, noix de coco) deviennent des symboles complexes mêlant colonialisme et quête spirituelle.
Avec La conférence des palmiers, Mehdi-Georges Lahlou revisite la fable initiatique multiséculaire "La Conférence des Oiseaux" de Farid al-Din Attar. Un dattier androgène en céramique, aux multiples têtes et branches, établit un lien subtil entre le corps humain et le vivant. Près de lui, sur une tapisserie murale, un oiseau de paradis verse une larme amère. Les fruits d’un autre palmier, le cocotier, recouverts d’encre de Chine dans des "chapelets" géants, évoquent le déplacement et l’adaptation des objets de culte à travers les cultures et les époques. En revisitant la piété mariale, l’artiste crée un symbole de migration, démontrant que les objets sacrés s’intègrent et évoluent eux aussi avec les territoires qu’ils traversent.
En croisant les itinéraires d’échanges et les itinérances intérieures, Mehdi-Georges Lahlou suggère que les réponses aux questions de déplacement et d’exil sont souvent à chercher en soi, dans un cheminement de reliance perpétuelle.
Alice Audouin
Curatrice, autrice et consultante en art et écologie, fondatrice d’Art of Change 21
Octobre 2024