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David Rafini
Amours endormies


6 mars - 12 juin 2021

SAMEDI 6 MARS
Ouvernissage à partir de 12h


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"Les tableaux de David Raffini commencent très souvent par une histoire. Les amours endormies est celle d’un personnage mythologique allongé sur une plage, au crépuscule, que l’artiste racontait à ses filles pour les endormir, comme le font des milliers de parents chaque soir pour leurs enfants, ici ou là, aux quatre coins de la planète. Sauf que peu d’histoires sont inspirées par la mort du Caravage et de Pasolini (qui ont pour point commun d’avoir fini leur vie sur une plage), et encore moins deviennent des grandes images, peintes sur une toile. Le tableau n’est en rien bucolique, comme son titre pourrait l’indiquer. Point de dormeurs ou de dormeuses, point de héros ou d’héroïnes gisant au sol. Malgré le halo lumineux situé en son centre, l’image est quasiment abstraite. Le paysage n’est qu’une sensation, une impression. Il n’est qu’un prétexte. Le récit se cache plutôt dans les plis, les tâches ou les nervures qui apparaissent quand le regard dépasse le seuil de la représentation.
A l’instar de tous les autres tableaux présentés dans l’exposition (Pardina, L’AtlantideAprès la pluie ou autres), les toiles ont été malmenées car piétinées, frottées, brûlées, grattées, poncées, exposées à la poussière, au soleil, à la pluie ou même passées à la machine. Certaines sont étalées sur le sol, d’autres fixées au mur avec un châssis, toutes sont faites de draps achetés dans des commerces de tissus lambda ou récupérées (tels des rideaux de scène) dans des stocks divers. Parfois, ce sont les images qui viennent en premier, avant les altérations. Autrement, ce sont ces dernières qui font l’image. Tout peut également se mélanger en un court moment, en une nuit quand la chimie de la peinture se mêle aux éléments naturels de l’atelier. Les processus peuvent également durer des semaines, des mois, sans graphisme ni méthode appliquée. Une œuvre peut être reprise, à nouveau altérée jusqu’à l’effacement. Comme il dit lui-même ses tableaux sont « défigurés » par leur propre vie. Chacun est une accumulation d’expériences, fortuites ou contraintes, de désagréments ou touches délicates.
C’est ainsi que David Raffini peint avec très peu de pinceaux. Il utilise plutôt des outils destinés à la sculpture : disqueuse, chalumeau, voire presse hydraulique. Il n’est pas le premier bien sûr à sortir des clichés factuels du peintre d’atelier et de son attirail de pinceaux, d’éponges ou de brosses à portée de main. Mais son rapport contrarié à la sculpture est assez singulier. Certaines sont présentées dans l’exposition (Souches) : grands rouleaux de papier de 140 cm de hauteur sur 20 à 40 cm de diamètre, brûlés en profondeur par un découpeur plasma-jet. Mais là où les sculptures attestent de la violence d’un geste, d’une action visible et affirmée, les tableaux sont issus de processus plus lents, plus ténus, dévoilant une certaine quiétude esthétique, ou du moins une inquiétude non exubérante qui aurait trouvé son équilibre, comme le calme après la tempête. Être brut sans être brutal." 

Eric Mangion (février 2021)
Directeur du centre d’art de la Villa Arson à Nice et directeur de la rédaction de la revue Switch (on paper) switchonpaper.com


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David Raffini  (1982 - Bastia, vit et travaille à Bruxelles) est diplômé de la Villa Arson en 2007 et lauréat du 17ème Prix de la Fondation d’entreprise Ricard - en duo avec Florian Pugnaire, en 2015.
En 2017, le FRAC Corse lui confie ses espaces, il imagine alors "Processumenti", une exposition personnelle dévoilant le cheminement de son processus créatif, qui le mène de la réalité à l’atelier puis à l’exposition. En duo avec Florian Pugnaire, il participe à l’exposition "Dynasty" au Palais de Tokyo et ils créent ensemble une installation spécifique dans le patio de la Maison Rouge.
David Raffini a fait plusieurs expositions personnelles à New York, Saint-Etienne, Nice ou encore Paris. "Amours endormies" est sa 2ème exposition personnelle à la Galerie Papillon.
Son travail fait partie des collections publiques du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, du FRAC Corse et du Centre Pompidou (avec Florian Pugnaire). Ses œuvres sont également présentes dans des collections privées françaises et étrangères.